..Un homme trouve un vieux miroir dans la rue, il l´emporte chez lui, le pose sur une étagère et instinctivement se regarde. Au début il ne voit rien d´étrange, seulement des nouveaux signes de vieillesse sur son visage, mais en s´éloignant il perçoit, sans le vouloir, le reflet de son ombre, traversant rapidement la surface de verre. Faisant semblant que rien d´extraordinaire n´est arrivé, il continue à vivre, comme si de rien n´était. Malgré tout, il n´oublie pas cette vision et l’image le poursuit. Dans la rue, il marche inquiet, décide de retourner chez lui et de chercher le reflet dans l´ombre de la chambre. Il passe à nouveau devant le miroir et voit son ombre reflétée, il a beau regarder, quelque chose ne va pas...
- Qu´il y a-t-il d´étrange dans ce que je vois? Réfléchit-il pendant qu´il avance sans oser allumer la lumière. Tout à coup un frisson le secoue, il attrape le miroir, descend en courant les escaliers, court dans la rue jusqu´au fleuve et l’y jette. Le miroir essaie en vain de flotter mais se noie dans un dernier éclat.
- Je sais maintenant, ce que j´ai aperçu n’était pas mon ombre.
L´art est-il vraiment le reflet de l´artiste ? Peut-il être sûr que son ombre n´appartient pas à d´autres vie ? Une oeuvre, n´est-elle pas le reflet inconnu d´une ombre que l´auteur croyait connaître ? Peut-être, comme nous dit Pessoa « Je ne connais rien de plus grand, de plus digne d´un grand homme que l´analyse patiente, expressive, des différentes formes que nous ignorons. Le coût exact de l´inconscience de nos consciences, la métaphysique des ombres autonomes, la poésie née du crépuscule de la désillusion ». Voici le sujet poignant de cette série d´oeuvres d´une mystérieuse et sanglante élégance.
Pour l'exposition "L'ombre dans le miroir" 2009
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